Justes hommages à la mort de Sabah Fakhri. Il en est ainsi des grands disparus de la chanson. L’ajout, la différence, cette fois-ci, est ce sentiment d’une «liste qui touche à sa fin». Machreq ou Maghreb que subsiste-t-il de nos chanteurs icônes, de nos glorieuses générations du chant ? En Egypte, les grosses pertes remontent à loin.Warda,la toute dernière, à près d’une décennie, maintenant. Et plus de nouvelles, ou presque, de Najet, pratiquement retirée. Au Liban, Sabah, Molhem et Wadie sont partis. Restent Fairouz et Najah Salam, inactives, et Majda Erroumi, rare désormais. En Tunisie, idem, les idoles appartiennent davantage au passé. Riahi, Jouini, Jamoussi, Saliha, Naâma, Oulaya, des références posthumes encore, quant à leurs successeurs (Bouchnaq, Adnan, Amina, Najet, Nabiha, Chokri, etc.), ils datent déjà de plus de quarante ans.
La vérité est que ce temps des icônes, des glorieuses générations du chant, n’a plus raison d’être; artistiquement, culturellement, techniquement, l’est plus apte à se renouveler.
Révolu ce temps de par, même, les critères et les choix. Du début du XXe et jusqu’aux années 70-80, les chanteurs étaient jugés, en vertu d’une tradition critique absolue, d’abord sur la qualité intrinsèque de leurs voix (registre et timbre), ensuite sur leur potentiel d’interprétation. Cela impliquait talent et apprentissage. Don naturel et reconnaissance des maîtres . Le public y apportait aussi du sien. Nos publics, alors, avaient de l’écoute. A partir de 1990, de l’avènement des satellitaires, puis de la mainmise du commerce des privés, tout cela a subitement basculé. Plus de maîtres, plus de valeur de chants, que quota d’audience, et concurrences d’argent. Le public, petit à petit, y a perdu son écoute.
Plus de critères et plus de choix, par-dessus tout. On le voit à la majorité des «nouvelles stars», aujourd’hui. Pas nécessairement douées en voix, ni expertes en chant. Mélodies simplistes, physiques et rythmiques :tout ce qu’on leur doit !?? Si peu, si pauvre devant l’œuvre de Sabah Fakhri et des grands disparus du chant. Si triste : ça n’empêche en rien «une liste de toucher à sa fin».